C’est ainsi que naît l’idée de ce mini-album, Au pays des hommes intègres, qui rassemble cinq titres signés par des rappeurs du Burkina, connus ou inconnus. Les 15000 euros rassemblés par Olivia, Universal et Sony Ericsson (initiateurs du projet) serviront à reconstruire cette école, et les enregistrements effectués au Burkina sont désormais disponibles sur le web, ainsi que le documentaire en forme de carnet de route réalisé par Didier Varrod.
Pour aider à la production et au mix, le rappeur français Dernier Pro (qui a grandi dans la même petite ville qu’Olivia, Marseillette), est venu en renfort. "J’avais écouté une partie des sons ramenés par Anthony, et il y avait une ambiance qui se dégageait. Je me suis plongé dans cette ambiance-là. C’est un métissage, on n’a rien cherché, juste ressorti ce qu’on avait en nous et ce qu’ils avaient en eux, naturellement. Les rappeurs burkinabés pourraient, de par ce qu’ils vivent, avoir plus de révolte dans leur discours, mais on ne ressent pas ça chez eux", observe Dernier Pro.
Leçon d’humilité
Comment est né le projet ?
Quand mon frère est revenu de son voyage au Burkina, il avait enregistré plein de chanteurs, de rappeurs, de slammers. On a réécouté ça, c’était inutilisable mais je lui ai proposé d’aller jusqu’au bout du projet, de retourner là-bas, d’en choisir cinq et de les enregistrer dans des bonnes conditions. On les a recontactés, on est repartis là-bas. Je suis productrice des bandes, pour que les jeunes du Burkina qui voudraient s’en servir pour un album à eux ne soient pas obligés de demander l’autorisation à Sony Ericsson. J’avais donné à Sony Ericsson mon album en espagnol sorti uniquement en Espagne, qui s’appelle La Chica Chocolate et qui est un mélange des deux albums plus quelques reprises et inédits. En échange de ça, ils m’ont soutenu sur le projet du Burkina.
Comment s’est fait le choix des intervenants ?
Il y a des personnes qui sont tout de suite sorties du lot comme Obscur Jaffar, mais c’est avant tout Toan qui est maître de ce projet et qui a fait les choix principaux. Dernier Pro était là pour l’assister à la production, moi pour le reste. On n’était pas dans une logique de casting. Il y avait des vieux conteurs qui étaient craquants mais on ne comprenait rien au niveau de la diction, et à un moment il faut être entendu en France avant tout. C’était vachement beau mais il fallait bien réfléchir à quelque chose de plus adapté.
Pourquoi juste cinq titres ?
Il nous fallait un jour par morceau, et on n’a pas eu le temps d’en enregistrer plus. J’avais envie de faire les choses convenablement, que les artistes burkinabés soient payés normalement. Même si, par rapport aux salaires locaux, ils touchaient l’équivalent d’un mois de travail pour un titre, je ne me voyais pas leur filer moins.
Olivier Cachin, Radio France Internationalr, 17.03.09
http://www.rfimusique.com/musiquefr/articles/111/article_17548.asp